Ce que nous appelons "couleur" est en réalité le résultat de l’action conjuguée de plusieurs paramètres :
1 | la source lumineuse utilisée pour observer le sujet |
2 | la géométrie d’observation, avec ses variables telles que angles d’éclairement et d’observation |
3 | le sujet lui-même, et ses caractéristiques physiques |
4 | l’oeil de l’observateur, avec les qualités et les défauts propres à chaque individu |
5 | et finalement le cerveau de l’observateur, dont la capacité de discernement des couleurs évolue en fonction de l’âge et de l’expérience acquise. |
De forme approximativement sphérique, l’oeil est l’organe de base de la vision. Il comporte un ensemble d’éléments destinés à recevoir le rayonnement incident, former l’image des objets perçus et traiter les informations recueillies.
La conjonctive : |
c’est une solide membrane blanche, opaque aux rayons lumineux, servant à attacher l’oeil dans son orbite. |
La cornée : |
il s’agit d’une membrane transparente et résistante située sur la face avant de l’oeil. Son rôle est de protéger le globe oculaire sur la face avant. |
L’iris : |
il fonctionne comme un diaphragme en dosant la quantité de lumière qui pénètre dans l’oeil. Son ouverture centrale est la pupille. |
Le cristallin : |
il fonctionne comme une lentille à focale variable, grâce à sa capacité de modifier sa courbure. |
La rétine : |
c’est sur elle que se forment les images provenant de l’extérieur. La rétine contient deux types de cellules photosensibles : les cônes et les bâtonnets. |
La macula : |
appelée également tache jaune, contient en son centre une petite dépression, la fovéa. Cette dernière est la zone d’acuité maximum de l’oeil. |
Le nerf optique : |
il conduit les informations au cerveau, en passant par un relais très important, le corps genouillé latéral, chargé d’effectuer une première analyse des données. |
La rétine de l’oeil contient deux types de cellules sensibles : les cônes et les bâtonnets. Les bâtonnets sont responsables de la vision nocturne (vision scotopique) et possèdent un maximum de sensibilité vers 510 nm. Leur sensibilité est liée à un colorant, la rhodopsine, qui blanchit à la lumière du jour, expliquant par là leur insensibilité durant la journée, ou dans un endroit "bien éclairé". Les bâtonnets ne fournissent qu’une réponse photométrique et ne permettent donc pas de déterminer les couleurs. Souvenez-vous du proverbe : la nuit, tous les chats sont gris. Les cônes fournissent une réponse photométrique et chromatique, grâce à des pigments dont les maximums d’absorption se situent dans le bleu, le vert ou le rouge. C’est là la base de la vision des couleurs et son aspect trichromatique (c’est à dire basé sur trois couleurs).
De ce qui précède, il découle une constatation importante : l’oeil ne présente pas la même sensibilité dans toutes les longueurs d’onde. Une étude statistique réalisée par la CIE a permis de déterminer la sensibilité spectrale moyenne de l’oeil humain. La courbe obtenue, appelée courbe de visibilité, est intégrée dans certains appareils de mesure, afin qu’ils analysent les couleurs de la même manière que l’homme "moyen" les perçoit.
On remarque, selon cette courbe, qu’une source de lumière située vers 660 nm doit être environ 10 fois plus lumineuse qu’une source de 560 nm pour être perçue avec la même intensité. Cette valeur n’est bien sur qu’une moyenne, chaque individu possédant sa propre sensibilité chromatique.
Tourefois, l’oeil est un organe remarquable, capable de s’adapter à son environnement. Cette courbe avec un maximum vers 555 ou 560 nm (ce qui correspond à la couleur verte) est valable pour la lumière du jour (vision photopique). Elle se déplace vers les courtes longueurs d’onde dans le cas d’un éclairage crépusculaire (vision scotopique), le maximum se situant dans ce cas à environ 505 nm, ce qui correspond au bleu-vert. Ce phénomène porte le nom "d’effet Purkinje".
L’oeil peut présenter des défauts de réfraction (myopie, hypermétropie, astigmatisme) liées le plus souvent à sa forme ou à celle du cristallin, mais également des anomalies, généralement héréditaires, de la perception des couleurs. On peut rencontrer (entre autres) les phénomènes suivants :
La dichromasie (dit "daltonisme") |
il s’agit d’une incapacité totale ou partielle de distinguer certaines couleurs. On distingue les protanopes (insensibles ou peu sensibles au rouge), les deutéranopes (insensibles ou peu sensibles au vert) et les trinatopes (insensibles ou peu sensibles au bleu). |
L’achromatopsie | cette anomalie se caractérise par une absence totale de perception des couleurs. Le sujet ne perçoit que des niveaux de gris. Sa vision est comparable à une photo en noir et blanc. |
Il existe de nombreux tests permettant d'analyser la vision des couleurs de chaque individu. Par exemple, les figures suivantes, définies par le Dr Shinobu Ishira, permettent de détecter certaines anomalies de perception des couleurs.
A condition que les couleurs soient fidèlement reproduites (ce qui n'est pas forcément le cas ici) : un "trichromate normal" voit : 8, 15, 26, rien, un protanope voit :3, 17, 6, 45, tandis qu'un deutéranope voit : 3, 17, 2, 45
En dehors des défauts de perception que l’on vient d’évoquer plus haut, de nombreuses conditions affectent la façon dont on perçoit les couleurs. En voici quelques exemples.
La couleur d’un objet dépend de la source lumineuse qui l’éclaire. A ce problème vient se rattacher le fait que les couleurs de deux objets peuvent sembler identiques à la lumière du jour, mais différentes à la lumière artificielle.
Ce phénomène où deux couleurs semblent identiques sous une lumière et différentes sous une autre est appelé métamérisme. Quant on compare deux objets métamères, les caractéristiques de la lumière réfléchie sont différentes, mais les "valeurs" des trois couleurs primaires perçues par l’oeil peuvent être identiques sous une source lumineuse, et différentes sous une autre, selon la composition de cette lumière incidente.
Outre son aspect physique et physiologique, la couleur revêt également une dimension psychologique. Celle-ci intervient autant au niveau de la perception des couleurs par chaque individu qu’au niveau du rôle psychique de la couleur sur ce dernier. En ce sens, il est bien reconnu que les couleurs peuvent jouer un rôle important dans la vie de chacun de nous. Elles nous entourent et agissent sur notre esprit, notre état d’âme et même notre santé. Le langage courant emprunte ainsi de nombreuses images aux couleurs : voir la vie en rose... ou en noir, rire jaune, voir rouge, broyer du noir, etc. Chacune de nos sensations (joie, plaisir, tristesse, déception, colère, etc.) a pour ainsi dire sa couleur.
D’une manière générale et simplifié, nous pouvons retenir les caractères marquants de chacune des couleurs :
L’effet psychologique des couleurs intervient également au niveau d’une série de domaines qui touchent à la vie quotidienne. Nous avons ainsi, par exemple en ce qui concerne le cadre de vie, le rouge, l’orange et le jaune qui rapetissent l’espace. Par contre, le bleu, le vert et le violet l’agrandissent. Quant à l’influence sur notre santé, le jaune augmente la tonicité neuromusculaire, favorise la génération des leucocytes (globules blancs). Le vert calme et donne une sensation de bien-être. Le bleu a un aspect sédatif et anesthésique. Il passe également pour régénérer le système nerveux.
Le symbolisme des couleurs ne doit pas oublié. En effet, de tout temps, l’homme a associé les couleurs à des concepts, à des signes ou encore à des sentiments. Ainsi, à l’époque préhistorique, le rouge était utilisé dans les rites funéraires. Dans l’ancienne Grèce et à Rome, les empereurs se réservaient l’usage du pourpre, symbole de leur pouvoir. Vers 1200, le pape Innocent III rendit officielle les cinq couleurs liturgiques : blanc, rouge, vert, violet et noir. Plus près de nous, le bleu et le pourpre sont les couleurs de "la droite" politique, le rouge celle de "la gauche". Le rouge est aussi la couleur de l’interdiction et du danger, le vert celle de la permission...
Dans le domaine de la PréAO (la Présentation Assistée par Ordinateur), l’aspect psychologique des couleurs est certainement une composante très importante. Il est essentiel de choisir les couleurs avec attention, surtout pour mettre un élément en valeur, sous peine de faire une fausse impression sur le public concerné. Il serait ainsi très malvenu d’utiliser, par exemple, le rouge pour illustrer un bénéfice, alors que ce sont les pertes qui sont généralement représentées en rouge. Il convient également de tenir compte des diverses connotations culturelles. D’une manière générale, le choix des couleurs suivantes est conseillé :
Noir | recette ou bénéfice pour les chiffres commerciaux. |
Vert | évolution positive, croissance, nature. |
Rouge | avertissement, arrêt, erreur, danger. |
Bleu, violet | quiétude, sérénité. |
Marron, gris | calme, conservatisme, stabilité |