
Les attributs
Plan de cette section :
Les majuscules
Le soulignement
L'encadrement
L'interlignage
Un attribut est une caractéristique typographique donnée à tout un texte, ou à une partie seulement (lettre, mot, paragraphe, etc.). Cette caractéristique peut être la police (Arial, Optima, Times New Roman...), la taille (exprimée en nombre de points), un style (italique, gras, souligné...), etc. Les attributs sont une chose utile pour briser la monotonie d'un document, mais, à la manière de la langue d'Esope, ce peut être la meilleure ou la pire des choses. Un texte trop "varié" devient vite fatiguant, de même qu'un texte trop uniforme, sans titre, ni sous-titre ne retient pas l'oeil du lecteur...
On notera qu'un texte au "format texte" (dit aussi "format ASCII" ou "format ANSI", selon le type de codage des lettres accentuées) est dépouillé de tous ses attributs. De même, lors de l'importation d'un document d'un logiciel à un autre, certains attributs peuvent être perdus, selon le degré de compatibilité entre les logiciels mis en jeu.
Les majuscules
Sur une machine à écrire, le seul moyen de faire ressortir un titre consistait à le mettre en majuscules, ou à le souligner. Avec un micro-ordinateur, l'utilisateur a la possibilité de le composer en gros caractères, de lui attribuer de nombreux styles (gras, ombré, relief, souligné...) ou toute combinaison de corps et de style. Plus besoin de souligner pour attirer l'attention, ni de taper des majuscules. De plus, de nombreuses études démontrent qu'un texte composé entièrement en majuscules rend la lecture plus difficile. Cela tient principalement à ce que nous reconnaissons les mots non seulement par leurs lettres, mais aussi par leur forme générale. Ces études révèlent également que lorsqu'un mot est composé en majuscules, on le lit une lettre à la fois plutôt que d'un bloc, et que cette lecture engendre une fatigue visuelle, ainsi qu'un notable ralentissement du rythme d'acquisition du contenu du document.
La composition d'un texte en majuscule dans une police inusité est particulièrement douteuse. Pire encore s'il s'agit d'un caractère italique ou script, ou, comble de malheur, à la fois italique et autre chose (relief, ombré, creux, souligné...) selon les possibilités du logiciel.
CE TEXTE EST ENTIEREMENT EN MAJUSCULES...
AVEC DES ESPACES ENTRE CHACUN DES MOTS
TROP LONG, IL SERAIT FATIGUANT A LIRE
Dans des circonstances exceptionnelles, la composition en majuscules d'un court bloc de texte, ou d'un titre peut parfois se justifier. Quelquefois, l'effet que vous recherchez ne peut être obtenu qu'avec des majuscules. Dans ce cas, n'oubliez pas que vous avez un choix à faire entre une solution graphique et la lisibilité du texte. Vous devez être en mesure de justifier votre décision. Sinon, restez "classique"...
En théorie, les majuscules doivent toutes porter l'accent qui leur revient. En effet, les règles d'orthographes valent autant pour les majuscules que pour les minuscules, et la typographie n'y échappe pas. Malgré cette évidence, on a trop longtemps cru qu'il était de règle de ne pas mettre les accents sur les majuscules. En réalité, cette manière d'écrire masquait souvent une certaine paresse, doublée du fait que ces signes étaient absents sur une machine à écrire. Or les traitements de texte modernes les offrent, directement ou par l'intermédiaire d'un "accessoire". Il faut mettre les accents, ils sont essentiels à l'intelligence de la langue, et évitent parfois des contresens. En majuscules, sans accents, comment comprenez-vous le titre suivant (exemple inspiré d'un titre paru dans un journal parisien en 1994/95).
LE CORPS MEDICAL
SOUTIENT LES INTERNES
S'agit-il des internes (les "soignants") et ou des internés (les "soignés) ? La différence n'est pas négligeable, surtout pour les intéressés... Attention, l'esprit humain retient en priorité le premier aspect du mot, ce qu'il voit immédiatement, c'est à dire le mot sans accent. Ce n'est qu'en cas de problème de compréhension, ou de doute, conscient ou non, qu'il va chercher un autre sens au mot vu, et ceci d'autant plus que la présentation du message "heurte" son esprit et le pousse à s'interroger. Ainsi, que signifie...
Dans le même type de problème, que peut signifier le titre (entièrement imaginaire, heureusement...) suivant :
UN POLICIER TUE !
Un autre sujet de préoccupation lié aux majuscules est celui des noms propres. Ils doivent commencer par une majuscule (certains spécialistes disent que ces noms de famille doivent être écrits entièmement en majuscules...), de même que d'autres termes. Pour en avoir la liste exacte, reportez vous à votre grammaire habituelle... Toutefois, comme j'aime bien les citations, je voudrais vous en offrir une ici, sous forme de devinette ! Une citation de Paul Morand :
Avec une minuscule, c'est un corps de jolie femme ;
avec une majuscule, c'est un corps de vieux barbons.
En plus de la question elle-même, une seconde difficulté porte sur la signification du mot corps. Commencer par vous interroger sur toutes ces significations possibles... Alors, pour le devinette, vous avez trouvé de quel mot il s'agit ? Voyons, réfléchissez un peu... Il s'agit des termes académie et Académie ! Vérifiez la différence dans un 'bon) dictionnaire. Continuons avec cette autre citation, moins amusante, mais encore plus instructive : "
Ecrire en majuscules, c'est comme prononcer un discours dans un mégaphone
a dit un spécialiste de la communication. Si les majuscules parlent fort, on les entend mal. Elles arrivent à votre esprit plus ou moins brouillées, plus ou moins parasitées.
Le soulignement
Avez-vous déjà vu un mot souligné dans un livre, un magazine, une revue ou un journal ? Il est probable que non. C'est parce que les typographes disposent de l'italique (et/ou du gras) pour faire ressortir les mots, ou pour respecter certaines compositions (les titres d'ouvrage, de périodiques, les mots en langue étrangère...). L'utilisation du soulignement était en majeure partie le résultat de l'insuffisance du matériel utilisé. Comme la traditionnelle machine à écrire n'offrait aucun moyen de taper des italiques, on a pris la désagréable habitude de souligner tous les mots à mettre en évidence, et de ne mettre en évidence que par le soulignement. Heureusement, avec les machines à écrire modernes, il est déjà plus facile de suivre les règles des professionnels, et c'est un jeu d'enfant avec les traitements de texte.
Attention, ce qui précède ne signifie pas qu'il faut absolument abandonner tout soulignement, mais qu'il faut l'utiliser avec discernement, et uniquement à bon escient. De plus, n'oubliez pas que l'italique est plus léger : en soulignant, l'imprimante ajoute un filet noir sous les caractères, ce qui alourdit la page. Le plus souvent, on réserve le souligné pour mettre en valeur un titre de paragraphe, un intertitre, ou pour permettre au lecteur de distinguer immédiatement (et visuellement) des mots importants des autres
D'une manière plus ou moins consciente, à chaque type de soulignement on associe une valeur sémantique : le souligné continu évoque la stabilité ; double il renforce cette impression et marque une forte insistance. Le souligné pointillé (et ses variantes) évoque la discontinuité, l'instabilité, l'indécision. De toute façon, souligner, c'est mettre en valeur, attirer l'attention... Soulignez le moins possible pour que les soulignements qui subsistent soient remarqués.
Le tableau suivant montre comment le sens d'un fragment de texte peut être modifié implicitement selon la manière dont il est souligné (selon la manière dont il est mis en valeur par rapport à son contexte).
L'encadrement
Est-ce encore un "attribut", ou déjà un effet de mise en page ? Peut importe ici, c'est surtout un outil supplémentaire à votre disposition, pour mettre en valeur votre document. Si vous encadrez du texte, ne le coincez pas dans une cage. Laissez beaucoup de blanc sur son pourtour (mais pas trop...) En théorie, l'idéal serait de mettre le même espace sur chacun des quatre cotés (pour améliorer l'impression visuelle). Si vous désirez laisser plus d'espace sur un coté, allez-y franchement, ne soyez pas timorés. A titre d'exemple, revoir l'exemple utilisé plus haut, sur l'utilisation des majuscules et les internés...
Mais faites attention, le résultat obtenu ne sera peut-être pas celui que vous escomptez. Certains "internés" (ou internes ?) ne se cachent pas dans le coin de leur cellule, d'autres n'abandonnent pas leur quartier. Recherchez dans votre mémoire, quel effet a eu sur vous, lecteur non prévenu, ce cadre bizarre, totalement dissymétrique, avec des caractères différents... A quoi avez-vous pensé en le voyant pour la première fois ? A rien ! Comme c'est dommage (pour vous, naturellement...) !
L'interlignage
En principe, la distance entre les lignes est définie par le plus grand des corps des caractères qui composent chacune de ces lignes. Toutefois, il est toujours possible (dans un "bon" logiciel) de modifier cet interlignage pour obtenir l'un ou l'autre effet. Par exemple, pour rendre plus lisible un document rédigé en caractères d'un corps de 10 points, l'interlignage de ce document peut être porté, dans certains logiciels, à "au moins 12 points". Cela donne très légèrement plus d'espace à toutes les lignes dont le corps est inférieur à 12 points (le texte), sans toucher aux autres (les titres, dont le corps est égal ou supérieur à 12).
Notez au passage que ceci a également pour effet d'augmenter le volume global du document. En passant d'un interlignage "normal" à un interlignage légèrement supérieur, on peut facilement augmenter la longueur (apparente !) du texte de 10 à 20 % ! Le "truc" est donc à retenir si l'on veut atteindre un certain nombre de pages, ou au contraire ne pas le dépasser. Seulement, une fois de plus, tout abus peut être dangereux... Retenez une règle très générale concernant tous ces "trucs" : le lecteur ne doit pas s'en apercevoir !
Selon le logiciel (de traitement de texte ou de PAO) utilisé, l'interlignage "standard" peut être égal à la taille du caractère, ou égal à la taille des caractères de la ligne, plus deux points. Comme tout autre élément de la page, il peut être modifié, mais son réglage demande encore plus de soin que celui de la justification. Avec un interlignage trop important, les lignes semblent flotter sur la page. Inversement, avec un interlignage trop petit, les lignes donnent l'impression de se chevaucher et les débuts de ligne se différencient avec difficulté, ce qui fatigue le lecteur.
type de texte |
interlignage |
exemple pour un corps 10... |
aéré |
corps + 40 % |
14 |
normal |
corps + 30 % |
13 |
resserré |
corps + 20 % |
12 |
très resserré |
corps |
10 |
On compose généralement les textes avec un interlignage resserré ou normal. Toutefois, comme pour le choix de la taille, la valeur optimale dépend de la police utilisée, et ce que vous pourrez faire sera limité par le logiciel utilisé, en particulier s'il s'agit d'un traitement de texte un peu ancien..
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Dernière mise à jour le 03/02/99 par Didier VIRION