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La justification

Plan de cette section :
Le positionnement du texte
Le meilleur alignement
Les problèmes liés à la justification


haut Le positionnement du texte

      Contrairement au langage courant, en typographie, la justification correspond à la largeur utilisée par le texte aligné à gauche et à droite. Ce n'est qu'un des modes d'alignement vertical des bords du texte, celui où il forme un bloc de forme rectangulaire, mis à part un éventuel alinéa à la première ligne, et la dernière ligne, toujours plus courte.

- texte "justifié" (ou "justifié total")
justifié

      Ce n'est pas le seul choix possible. La composition en drapeau est l'inverse de la justification : les lignes ne sont alignées que d'un seul coté, l'autre étant irrégulier. On appelle "ferrer" cette notion de calage du texte sur un de ses bords verticaux. On distingue alors...

- texte "au fer à gauche" (ou "justifié à gauche")
fer à gauche

- texte "au fer à droite" (ou "justifié à droite")
fer à droite

      Enfin, dans de rares cas, les lignes seront centrées, comme par exemple pour le titre principal d'un ouvrage, le chapeau (ou chapô) d'article, la légende d'un tableau... ou encore les fables de La Fontaine.

- texte "centré"
texte centré

      Le texte peut aussi, ou en plus, être en habillage quand on lui fait épouser le contour d'un objet dont la forme peut être géométrique ou non.

      La justification à gauche donne au texte une allure sensible et naturelle. Elle est également la composition utilisée en poésie, et d'une manière générale des textes écrits en vers réguliers ou de différents métrages. Elle se prête merveilleusement bien à un découpage sémantique de la phrase, c'est à dire à la coupure du texte en fonction de son sens. La typographie participe alors pleinement à maîtriser l'aspect didactique des informations à transmettre.

      La justification à droite n'apporte rien de particulier, sinon une certaine difficulté de lecture, car l'œil a du mal à trouver le début de la ligne suivante. Un document entièrement conçu en texte aligné à droite remplirait pratiquement toutes les conditions pour être lu avec difficulté, ou pire, ne pas être lu. Si on veut vraiment aligné son texte à droite, on veillera à ne pas exagérer les différences de longueur entre les lignes les plus longues et les plus courtes. En bref, cette justification est utilisée le plus souvent comme fantaisie décorative, par exemple pour des titres et des textes courts, et elle a besoin de s'appuyer sur une verticale voisine située à sa droite : colonne de texte, bord de la feuille. Sachez qu'une note placée dans la marge de gauche gagne à être justifiée à droite, et donc aligné sur le texte situé à coté de la note.

      La justification centrée est plus courante mais presque aussi délicate à utiliser. Elle est souvent utile pour des titres, des sous-titres, des textes littéraires et poétiques, dans des mises en page d'affichettes, de cartons d'invitation, de couvertures, etc. On veillera à ne pas laisser le texte filer en laissant le logiciel faire les retours à la ligne n'importe comment.


haut Le meilleur alignement

      En pratique, dans vos documents courants, en dehors de la page portant le titre du document, et des titres des principales sections et/ou des principaux chapitres, vous ne pouvez disposer le texte que de deux manières :

Aligné à gauche       technique caractérisée par un espacement des mots égal et des lignes aux longueurs inégales. Les textes alignés à gauche créent des pages plus "ouvertes" car chaque ligne contient une quantité légèrement différente d'espace à son extrémité droite.
Justifié       Il contient alors des lignes de longueurs égales. L'espacement des mots (parfois, mais rarement en traitement de texte classique, presque toujours en photocomposition, celui des lettres) y est augmenté ou réduit afin que les dernières lettres de chaque ligne soient alignées sur la marge de droite.

      De toute façon, quelle que soit votre "technique" préférée de présentation, sachez que votre choix en matière d'alignement n'est jamais innocent. Dans la mesure du possible, il doit reposer sur les considérations suivantes :

l'image que vous désirez véhiculer       le texte aligné à gauche est généralement considéré comme plus convivial, moins formel et plus ouvert que le texte justifié. Ce dernier est souvent utilisé pour donner une impression de sérieux ou afin de projeter une image classique.
la longueur des lignes (ou la largeur de colonne)       évitez les colonnes étroites de texte justifié, surtout avec des caractères de grande taille. Des colonnes étroites de texte justifié souffrent généralement d'un mauvais espacement des mots (d'énormes blancs au sein de lignes contenant peu de mots assez long) et de coupures de mots trop nombreuses.
le temps disponible       la mise au point d'un texte justifié peut parfois prendre plus de temps que celle d'un texte aligné à gauche à cause de la vérification (nécessaire, mais trop souvent négligée) des coupures de mots. Toutefois, de ce point de vue, les logiciels de traitement de texte et de PAO sont de plus en plus performants en ce domaine, et cette vérification ne s'impose plus, même si elle reste très souhaitable.
la densité des mots       chaque colonne étant complètement remplie, des colonnes de texte justifié avec coupures de mots contiennent un peu plus de mots que des colonnes de texte simplement aligné à gauche. Le texte "rempli" donc moins de lignes.
la facilité de lecture       bien que nous soyons loin d'un accord universel sur ce point, il semble que la meilleure lisibilité se rencontre dans les textes alignés à gauche, grâce à la constance d'espacement des mots.

      Lorsque vous mettez au point un texte aligné à gauche, assurez-vous que l'aspect "déchiqueté" dû aux différences de longueur entre les lignes est suffisant pour être remarqué, mais pas au point que des lignes extra-longues soient suivies de lignes ultra-courtes. Veillez à ce que le texte aligné à gauche ne présente pas de forme particulière le long de la marge droite, telles que des losanges, des vagues, ou des lignes diagonales.


haut Les problèmes liés à la justification

      Les problèmes liés à la justification du texte, et plus particulièrement à une justification du type de celle faite par un logiciel de traitement de traitement de texte, sans correction par un opérateur humain sont potentiellement nombreux. Ici, nous ne relèverons que les trois les plus courants, et aussi les plus désagréables pour le lecteur : à savoir le problème des lignes creuses, le problème des veuves et des orphelin(e)s, ainsi que celui des lézardes qui traversent les blocs de texte.

etoile  Les lignes creuses

      Les lignes creuses sont des lignes comportant seulement une syllabe, un mot seul, ou très peu de mots, qui terminent un paragraphe sur une longueur inférieure au tiers de la justification. Il est fortement conseillé de les éviter, afin de garder son aspect au bloc de texte. Aujourd'hui, on n'en demande plus tant, on peut garder des lignes plus courtes que le tiers de la justification, mais il vaut mieux éviter de laisser une syllabe ou un mot isolé en fin de paragraphe.

etoile  Les veuves et les orphelin(e)s

      Lors du travail de mise en page, il faut aussi se préoccuper des aspects inesthétiques des lignes de fin de paragraphe, isolées en haut de page ou de colonne, et des lignes de début de paragraphe, isolées en bas de page ou de colonne). Certains logiciels de PAO ou de traitement de texte ont une fonction qui permet de déterminer le nombre de lignes isolées tolérées en haut ou en bas de page. Le plus souvent, ils autorisent un minimum de deux lignes.

      Bien que certains ouvrages en donnent des définitions différentes, une veuve est une ligne qui se trouve isolée en bas d'une colonne ou d'une page. Cette configuration est à éviter car elle est inesthétique, principalement sur les longues justifications. En principe, en bas de page, un nouveau paragraphe doit comporter au moins deux lignes. Ceci est également valable, à plus forte raison, pour un titre, qui ne doit JAMAIS être laissé seul en bas de page, pour des raisons évidentes.

      Un orphelin est un mot seul qui se trouve reporté en haut d'une colonne ou d'une page. Une orpheline est une ligne isolée qui se trouve reporté en haut d'une colonne ou d'une page. Cette configuration est absolument proscrite car non seulement elle est inesthétique, mais encore elle perturbe le découpage logique du texte, et par conséquent sa lecture. Si on ne peut pas faire rentrer cet orphelin, ou cette orpheline, dans les lignes précédentes, il faut raccourcir ou modifier le texte quand celui-ci le permet, par exemple en rajoutant quelques adjectifs ou quelques adverbes, à condition que cette (innocente) "tricherie" passe inaperçue aux yeux du lecteur. On ne commence pas une colonne ou une nouvelle page par la seule dernière ligne d'un paragraphe. Un paragraphe qui se termine en haut de colonne ou de page doit comporter, lui aussi, au moins deux lignes. Si la dernière est creuse, trois lignes sont préférables.

      De même, un chapitre qui se termine en haut de colonne ou de page devrait comporter au moins cinq lignes de texte.

etoile  Les lézardes

      Les lézardes, dites aussi rivières, sont d'autres phénomènes disgracieux, produits au hasard de la disposition d'une série d'espaces entre les mots de plusieurs lignes superposées. Elles forment une ligne blanche sinuant à travers un bloc de texte, ou encore une sorte de ruisseau qui coule en travers de votre page. On peut souvent corriger cet effet en répartissant différemment les blancs, en modifiant la justification ou le corps des caractères, ou encore en modifiant le texte. Si le document contient des éléments graphiques, le déplacement de ceux-ci, ou un changement de taille peut également modifier la présentation de l'ensemble du texte.

lézarde


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Dernière mise à jour le 03/02/99 par Didier VIRION