Chaque magazine ou journal recherche, pour se différencier, une architecture de colonne originale et dynamique. A cet objectif de vente, s'ajoute un objectif pratique : le lecteur doit d'un seul coup d'œil savoir où il se trouve. Ainsi, chaque section d'un magazine dispose en règle générale d'une mise en page originale : les éditoriaux sont en colonnes large, les information brèves en colonnes étroites, les articles de font en colonnes moyennes... Certaines pages disposent d'une seule colonne, d'autres en comportent jusqu'à cinq.
De même, si votre document est formé de sections contenant des informations de nature différente, vous pouvez ne pas les composer avec le même nombre de colonne. Par contre, un document ne contenant qu'un seul type d'information (comme un rapport de stage ou un mémoire de fin d'études...) doit, d'un bout à l'autre, conserver le même nombre de colonne.
Le multicolonnage est la source de nombreux problèmes de différentes sortes, en particulier liés à la justification et à la lisibilité. Faire trop de colonnes peut nuire au document : la justification devient trop étroite, les mots sont mal coupés, ou coupés trop souvent. Il faut alors réduire le corps pour obtenir un meilleur rapport justification/corps... Bref, il n'est pas indispensable d'en faire trop, même si les logiciels le permettent. En outre, une forte diminution de la largeur de la colonne implique un changement du mode de lecture. Lorsque la justification est large, l'oeil effectue un balayage de gauche à droite, suivi d'un retour rapide à la marge. Au contraire, lorsque la colonne est étroite, l'oeil a tendance à effectuer un mouvement vertical de haut en bas, centré sur la colonne, privilégiant de fait une certaine forme, involontaire, de lecture rapide, et/ou du survol du texte, à la place d'une véritable lecture.
Le corps des caractères est à choisir en relation avec la largeur de la justification, donc en fonction à la fois du nombre de colonnes et du format du papier. La modification de l'une de ces valeurs devrait toujours s'accompagner de la modification de toutes les autres... en essayant de respecter au mieux l'harmonie du document. Une vieille règle typographique stipule que la justification d'un texte (en picas) ne doit jamais être inférieure au corps employé (en points). Un texte en corps 10 ne devrait donc jamais avoir une justification inférieure à 10 picas, soit 10/6 de pouces, ou encore 4,3 centimètres... Sachez qu'une colonne trop étroite peut interdire toute justification, ou présenter un aspect très peu esthétique.
Justification et taille de caractère
A la lecture de ce qui précède, il apparaît évident que la taille des caractères doit être modulée selon la largeur de la colonne (ou de la justification). En outre, si on veut conserver une bonne lisibilité au texte, il va falloir jouer sur le nombre de caractères par ligne. On a coutume de dire que seule une méthode empirique permet de trouver le réglage optimal. Toutefois, il existe une règle empirique qui permet d'aboutir rapidement à un résultat satisfaisant.
En fonction de la largeur de la colonne, ou de la justification du texte, une ligne doit pouvoir contenir X alphabet, c'est à dire X fois la séquence abcdefghijklmnopqrstuvwxyz avant le passage à la ligne. Cette valeur X dépend de la justification :
Justification
Nombre d'alphabet
autour de 4 cm
1 alphabet
autour de 7 cm
1,5 alphabet
autour de 10 cm
2 alphabets
autour de 13 cm
2,5 alphabets
au-dessus de 13 cm
2,5 alphabets + 1 caractère par cm
Pour choisir le corps à utiliser, la justification étant défini, il ne reste donc qu'à créer un paragraphe contenant plusieurs séries d'alphabets, et à ajuster la taille des caractères jusqu'à ce que le saut de ligne se produise après la lettre désirée. Par exemple, pour une justification de 7 cm, il faudrait 1,5 alphabet, soit 26 lettres + 13 lettres, (soit 39 lettres) et donc changer de ligne à la seconde lettre m d'une série de plusieurs alphabets. Cela peut se faire, à peu de chose près avec des caractères de la famille du Times New Roman de corps 11, mais le seul moyen d'en être certain est de faire un essai.
Pour une justification de 12 cm, il faudrait 2,5 alphabet, soit 26 lettres + 26 lettres +13 lettres (soit 65 lettres), et donc changer de ligne à la troisième lettre m. Le corps 12 semble alors être le mieux adapté, quoique très légèrement inférieur à ce que voudrait la règle (empirique) énoncée plus haut.
Toujours selon cette même règle, une justification de 14 cm (soit 66 lettres) conduirait à utiliser un corps de caractère de l'ordre de 13 points. A titre de curiosité, comparez donc ces valeurs à celle données plus haut, dans le paragraphe sur le choix du corps.
D'une manière générale, plus on augmente le nombre de colonnes, plus on réduit la taille du texte et plus on place de texte dans une page. Composer en colonne permet de dire beaucoup en peu de place. Dans les journaux, la justification est de l'ordre de 26 caractères par ligne, contre environ 40 pour les magazines, et approximativement 60 pour l'édition.
La taille des paragraphes
Lorsque, dans un document, des textes se retrouvent côte à côte (principalement les textes en colonnes, éventuellement les pages en vis-à-vis), les lignes des différents paragraphes doivent s'aligner, sinon le décalage crée un effet désagréable à l'œil, et donc pour le lecteur. Retenez que pour éviter cela, il faut que la hauteur de chaque paragraphe d'un document soit un multiple du plus petit interligne utilisé.
Voyons cela sur un exemple. Supposons que l'interlignage d'un document soit de 12 points, et qu'un titre comporte un interlignage de 17 points. L'introduction d'un titre dans une colonne risque donc de provoquer un décalage de 5 points (presque une demi ligne). Pour l'éviter, il faut donc amener le titre à occuper au moins 2 x 12 = 24 points, au lieu de 17. Une solution est d'ajouter un espacement de 7 points, par exemple 4 points avant le titre, et 3 points après.
Pour un titre, l'espacement avant doit en principe être environ deux fois plus important que l'espacement arrière, ceci afin de rattacher le titre au texte qui le suit plutôt qu'à celui qui le précède. De plus, l'espacement avant un titre devrait avoir au moins la même hauteur qu'une ligne de texte. Dans notre exemple précédent, on devrait donc prévoir au moins 12 points avant le titre (donc plus que les 7 points nécessaires pour rattraper le décalage). Par conséquent, il va falloir le "loger" non plus sur deux lignes, mais sur trois (donc sur 3 x 12 = 36 points)... Tout calcul fait, c'est donc 36 - 17 = 19 points qu'il va falloir répartir, par exemple un espacement avant de 13 points et après de 6 points.
Le sens de lecture
A priori, le sens de lecture est toujours le même, que le texte comporte une colonne ou plusieurs : la lecture s'opère de gauche à droite, et de haut en bas, colonne pas colonne. Toutefois, un problème peut se poser dèq qu'un élément autre que du texte intervient pour perturber cette lecture, et en particulier si cet élément ne se limite pas à une seule colonne.
Dans le multicolonnage, lorsqu'une illustration vient couper plusieurs colonnes, l'usage veut que le sens de lecture ignore sa présence, c'est à dire que l'œil la saute pour continuer sa descente. Par contre, si c'est un tableau qui interrompt deux colonnes, le même usage prévoit que le fil de la lecture reprenne en haut de la deuxième colonne, au-dessus du texte. Il en est de même lorsqu'un intertitre barre deux colonnes (ou plus) à la fois.
En pratique, pour éviter tout problème, il est conseillé en cas de doute de n'utiliser que des illustrations (ou des tableaux, des graphiques) sur toute la largeur du document, en haut de page ou en bas de page, ou encore en pleine page. Ou encore, de ne faire qu'une seule colonne ! Ainsi, la lecture se fait toujours de la même manière, sans interruption, quelle que soit la nature et la position de l'objet qui se trouve dans la colonne.
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Dernière mise à jour le 03/02/99 par Didier VIRION