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Un peu d'histoire



C'est la tige du papyrus, roseau croissant en abondance dans les marais d'Egypte, de Syrie, de Calabre, de Sicile, que les Égyptiens employèrent comme un des premiers supports permettant de transmettre leurs écrits. Ils formaient des bandelettes étroites qui étaient placées les unes à côté des autres, une seconde série était ensuite posée perpendiculairement sur la première et au moyen d'une colle végétale cette double couche était pressée pour former une masse compacte, séchée et polie à l'aide d'une pierre lisse. Cependant la demande de ce matériau devenant de plus en plus forte, il fallut trouver un autre support.


C'est à Pergame, ancienne ville d'Asie Mineure, que le parchemin devint un support d'écriture. C'est là que l'on préparait la peau d'un animal mort pour recevoir l'écriture ou pour divers autres usages. Le parchemin présentait sur le papyrus des avantages importants, notamment celui de permettre l'écriture des deux côtés du support. Outre que c'était une économie de matière première, cette feuille pouvait également être pliée ou roulée. La peau de différents animaux va servir à la confection du parchemin : brebis, agneau, biche, loup, mouton, porc, etc. La peau de veau mort-né servira à faire une qualité plus belle de parchemin : ce sera le vélin (veslin en vieux français).


Le parchemin, qui restera cependant une matière rare, coûteuse et dont les limites étaient perceptibles, sera progressivement remplacé par un autre support, venu d'Orient. L'invention du papier fut faite en Chine. On ignore trop souvent que, cinq siècles avant l'invention (officielle) de l'imprimerie, ce pays connaissait l'impression au moyen de caractères mobiles. De plus, on a de nombreuses raisons de supposer que dès la dynastie Chang (1765-1123 avant J.C.) le livre tel que nous le connaisons, ou presque, existait déjà.


C'est au directeur des Ateliers impériaux, Ts'ai Louen (mort en 121 après J.C.) que l'on attribue l'invention du papier en l'an 105. La légende veut qu'il ait découvert le papier en observant des guêpes faire leur nid à partir de fibres végétales. En fait, on sait avec certitude qu'avant lui, on écrivait déjà sur du papier, mais Ts'ai Louen a fait un rapport au trône sur le problème du papier et seul ce document nous est resté. En 105 de notre ère, il détailla le procédé de la fabrication du papier qu'il avait mis au point : il séparait les fibres de chiffons, de cordages, ou de différentes matières végétales (chanvre, écorces de mûrier, tiges de paille de riz), faisait pourrir cette matière et ensuite l'écrasait. La pâte obtenue était diluée dans une grande partie d'eau et puis recueillie sur un tamis fait de baguettes de bambou. La feuille ainsi confectionnée séchait ensuite sur de grandes surfaces polies.


Le secret de la fabrication du papier fut jalousement gardé pendant des siècles par les Chinois. A l'exception du Japon, qui connut le papier vers le troisième siècle, celui-ci resta localisé en Chine jusqu'au huitième siècle. En 751, à Samarkand, dans le Turkestan, les Chinois furent battus par les Arabes et emmenés prisonniers. Certains de ces Chinois étaient des ouvriers papetiers et ce sont eux qui transmirent à leur vainqueur le secret de la fabrication du papier. Les Arabes utilisèrent le lin et la chaux comme matières premières et la farine de maïs leur servit de colle.


Le bassin méditerranéen sera un lieu de prédilection pour l'épanouissement de cette nouvelle industrie. L'Espagne, qui se trouvait depuis le début du huitième siècle sous l'influence maure, fut très probablement le premier pays européen à produire du papier. Il est vraisemblable que ceci se produisit avant 1100 dans les environs de Vatenera. Dès le douzième siècle, une pape-terie sera installée en Espagne, près de Valence, à Xativa. La fabrication du papier pénétra en France plus tardivement, vers le quatorzième siècle, en 1326 à Ambert (Puy de Dôme), en 1348 à Essonnes, en 1354 à Troyes, en 1376 à St. Cloud...


Par rapport aux techniques arabes, les italiens apportèrent trois modifications notables à la fabrication du papier. D'abord l'emploi de la force hydraulique pour faire fonctionner les moulins qui écrasaient les chiffons. Ensuite, dans la seconde moitié du treizième siècle, ils expérimentèrent la colle animale et ce sont eux aussi qui à la fin du même siècle introduisirent le filigrane. En Allemagne, le premier moulin à papier mis en marche serait celui de Nuremberg vers 1390. Le plus ancien moulin dont on trouve trace en Belgique est établi, sur un affluent du Molenbeek en 1401, par les moines de l'Abbaye des Sept Fontaines. En 1405, à Huy, une deuxième papeterie sera installée par Jean l'Espagnol. Pour les Pays-Bas du nord, nous notons deux moulins à papier, un à Doordrecht vers l'an 1589 et un à Alkmaar.


Les Pays-Bas parvinrent bien vite à se faire une réputation mondiale, tant au point de vue de la qualité que des méthodes de production du papier. Ils inventèrent, vers 1670, ce que l'on a appelé la pile hollandaise. Nous y reviendrons plus tard, en parlant de la fabrication proprement dite. Aux quinzième et seizième siècles, le papier se répand dans toute l'Europe et supplante définitivement le parchemin.


Dès le début du dix-huitième siècle, l'Angleterre possède une centaine de moulins à papier créés surtout par les huguenots français, chassés de leurs provinces d'origine. Ils apportèrent avec eux leurs secrets de fabrications, et contribuèrent à l'évolution des techniques. Classiquement, Le tamis métallique permettant de confectionner la feuille de papier est constitué par un treillis de fils tendus perpendiculairement les uns aux autres. Ces fils s'appellent les vergeures et les pontu-seaux et permettent de fabriquer le papier vergé. C'est l'Anglais John Baskerville qui, en 1750, imagina de fabriquer du papier sans vergeures ni pontuseaux, ce sera le papier vélin.



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Dernière mise à jour le 02/05/2001 par Didier VIRION