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Les qualités du papier



Plan de cette section :
1 - Le papier couché
2 - Papier "couché machine"
3 - Les qualités du papier
4 - Classification
5 - Présentation


1 - Le papier couché

C’est un papier de qualité que l’on emploiera très régulièrement, que ce soit pour les brochures, revues ou dépliants informatifs.

Coucher le papier, c’est enduire le support d’une couche adhésive blanche à grains fins, sur une ou deux faces. Cette couche est formée de pigments minéraux unis entre eux et au papier par des liants. Le papier, de par sa nature, est macroporeux, c’est-à-dire qu’il n’est pas parfaitement lisse. Dans sa surface, existent des creux de quelques microns à plusieurs centaines de microns. Le couchage a pour objet de remplir et d’unifier cette surface, et de transformer la macroporosité en une microporosité, c’est-à-dire en une infinité d’orifices qui permettent la reproduction de clichés à trame très fine. Cette microporosité a un effet bénéfique sur la netteté, l’intensité et la brillance de l’impression.

Les papiers couchés se composent d’un support (le papier) et d’une couche. Dans celle-ci nous trouvons le liant et le pigment.

Le liant :
Son rôle consiste à fixer, après évaporation de l’eau, les pigments entre eux et au support. Plusieurs liants sont à distinguer, dont principalement l’amidon (extrait de pommes de terre, du maïs, du froment, et traité chimiquement pour améliorer son pouvoir liant) et la la caséine extraite du lait écrémé (elle est le liant le plus classique, car elle donne des couches résistant à l’eau et à l’arrachage).

Il existe aussi des liants synthétiques à base de latex ou de matières plastiques, qui sont très nombreux sur le marché. Ce sont des produits dont la qualité est régulière. Néanmoins, leur vieillissement n’est pas assuré...

Le pigment :
Selon les cas, il s'agit d'un produit extrait de gisements naturels ou d'un composé chimique. Les plus importants sont :

- a) le kaolin :
une argile réfractaire blanche, très pure et friable;
- b) le blanc satin :
un aluminate de calcium obtenu à partir d’alun et de lait de chaux dont le pigment donne le brillant de la couche;
- c) le carbonate de calcium :
obtenu par introduction d’acide carbonique dans du lait de chaux. C’est un pigment très léger et très absorbant;
- d) la craie :
produit naturel, convient aux papiers mats;
- e) l’oxyde de titane :
extrait de gisements naturels ou obtenu chimiquement. Il est très cher et employé notamment dans la fabrication des papiers bible (papiers très minces) afin de leur donner l’opacité nécessaire.

Le couchage a été mis au point dès le dix-neuvième siècle, pour répondre aux besoins que l’on avait de reproduire le plus fidèlement possible les illustrations. En ce temps-là, les papiers couchés étaient fabriqués à la main et les matières utilisées étaient la colle animale comme liant, et le blanc de Meudon ou le sulfate de baryum comme pigments.

De nos jours, le couchage du papier se fait sur des machines spéciales, les coucheuses, et généralement dans des ateliers distincts de ceux qui fabriquent le papier. La fabrication du papier couché se fait comme suit : la bande de papier brut, venant de l’usine à papier, s’enroule sur un tambour et passe au contact d’un rouleau enduit de la solution de cette couche. Celle-ci est égalisée par une série de brosses à mouvements alternatifs contrariés. On obtient ainsi du papier couché brosse, de qualité supérieure.

Une autre technique consiste à étendre, à l’aide d’une machine, la couche sur les deux faces de la feuille provenant des bobines mères. Le système employé est le "trailing blade", la lame traînante, dans lequel une lame extrêmement mince étend une couche à forte densité. La pente et la pression de la lame déterminent le grammage. Deux têtes de couchage semblables enduisent les deux faces de la feuille simultanément. Après chaque application de couche, la feuille est séchée sur cylindre avec soufflage d’air chaud à haute température et à grande vitesse.

Le papier couché, qui par son procédé de fabrication est un papier relativement cher, sera détrôné, pour certaines applications, par le papier couché machine.


2 - Couché machine (machine coated)

Ce papier est fabriqué en quantité énorme aux Etats-Unis depuis 1935. Il se distingue des couchés classiques par son revêtement plus mince. La composition du support papier est différente de celle des papiers ordinaires et se compose habituellement de :
- 40 % de cellulose
- 45 % de pâte mécanique
- 15 % de cassée, (déchets de fabrications précédentes)


La couche est formée d’un amidon au point de vue adhésif et, comme pigment, d’une matière minérale, en général du carbonate de calcium.

Le couché mécanique est produit sur la machine à papier elle-même, en continuation de fabrication et à grande vitesse. En fait, le procédé de couchage consiste à faire passer immédiatement la bande de papier au bout de la machine sur un appareil qui dépose une couche à sa surface par un procédé identique à celui d’une impression. L’avantage de cette technique est que l’on peut régler à volonté l’épaisseur de la couche qui servira à combler les irrégularités du papier. L’on peut obtenir des couchés ultralisses par un procédé dit de "moulage". Lorsque la couche a été placée sur le papier support, celui-ci va s’enrouler sur un cylindre chauffé et chromé, à la surface parfaitement lisse, dont le contact assure à la couche un poli parfait.

La présence dans la surface de ce papier d’une infinité de micropores permet à l’impression de bien se fixer sur cette couche. Nous aurons donc avec ce papier une impression excessivement belle. Il faut ajouter que ce papier étant très cher à l’achat, il va servir surtout à réaliser des couvertures de livres ou de brochures luxueuses. Il sera rarement employé pour éditer une brochure complète.


3 - Les qualités du papier

A l’origine, il n’existait pratiquement que deux types de papiers :

- les vergés, présentant sur une face une empreinte de lignes parallèles entrecoupées de perpendiculaires espacées (la trace de la forme métallique sur laquelle s’égouttait la pâte),

- les vélins, dont la surface est uniformément lisse.

Ces dernier apparaissent vers 1750. A partir de cette seconde catégorie de papier, la fabrication industrielle va permettre d’obtenir des surfaces de plus en plus lissées, par le calandrage et par l’adjonction d’une couche (de kaolin à l’origine) d’où son nom de couché. Selon le traitement subi, ces papiers seront mats, satinés, brillants, ultrabrillants. Mais les deux faces d’une feuille ne sont pas toujours identiques et le résultat imprimé peut faire apparaître des différences. Il existe des papiers couchés "une face" où on a délibérément traité un seul côté dans la perspective d’impressions en recto seul. Ces papiers ont un sens privilégié d’utilisation, sinon la qualité de l’impression est médiocre.

En marge des papiers courants on traite la surface de certains d’entre eux pour obtenir des effets particuliers : grains plus ou moins visibles, trames de toutes sortes, surfaces métallisées. Ces "fantaisies" sont surtout destinées à certains papiers à lettre, chemises ou couvertures de brochures.

Il existe actuellement un large éventail de types de papier et des écarts de prix importants. L’aspect peut varier, allant d’un gris-jaunâtre pour les papiers les plus ordinaires aux blancs éclatants des couchés classiques, encore que les traitements chimiques permettent aujourd’hui de faire des miracles. Il faut savoir que les plus beaux papiers sont plus "transparents" que les papiers médiocres; un inconvénient pour les impressions recto-verso comportant des aplats ou illustrations fortes.

Actuellement, d’une manière générale, l’appréciation d’un papier est fonction de différents critères, plus ou moins subjectifs...

1) la blancheur :
en fonction des produits intervenant dans sa fabrication, un papier peut être plus ou moins blanc. Dans la mesure où l’on veut un contraste important entre les éléments imprimés et le support, il faut que celui-ci soit très blanc. Pour obtenir cette blancheur éclatante, l’on mettra dans la pâte un colorant bleu. Si les papiers courants sont le plus souvent blancs (ou presque), il existe une multitude de papiers de couleurs diverses, depuis les gammes courantes de tons pastels jusqu’aux papiers modernes aux tons très vifs. La majorité de ces supports est teintée dans la masse, certains seulement en surface et sur une seule face.

2) la transparence :
une pâte sans bois donne un papier transparent. L’opacité est recherchée surtout pour les papiers minces puisque l’on imprime généralement recto verso. Pour obtenir cette opacité, on ajoutera des charges, comme le blanc de titane.

3) la main :
un papier qui "a de la main" donne au toucher une sensation d’épaisseur et de résistance. Comme elle l’exprime bien, cette expression tend à préciser la tenue d’un papier à la manipulation. Selon qu’il "tient" ou qu’il s’affaisse, qu’il est ferme ou mou, qu’il semble épais ou mince on dira qu’il a "de la main" ou non. Cette sensation dépend en majeure partie du rapport entre l’épaisseur et le grammage du papier (le poids au mètre carré). Ne pas confondre avec une main de papier, soit 25 feuilles comptées par cinq avec chaque doigt d’une main.

4) l’épair :
c’est le dessin de la pâte examiné par transparence. En regardant un papier par transparence, il présente un éclairement régulier ou bien des taches sombres et claires. Dans le premier cas, l’épair est régulier, dans le second il est nuageux. Ne pas confondre l’épair et le filigrane.

5) le filigrane
La présence ou non d’un filigrane n’est pas à proprement parler une "qualité". Seulement, c’est un détail important dans de nombreux cas (billets de banque, timbres, ouvrages de collection), d’où la présence ici de ce paragraphe.

Le filigrane, ou marque d’eau, est constitué par une illustration ou un mot qui se distingue par transparence dans une feuille de papier. Il est la marque de fabrique des papiers de qualité. Que ce soit un papier vélin ou un papier vergé, on peut incorporer dans ceux-ci ce système d’empreinte qui est d’une grande importance historique pour identifier les livres ou les documents au point de vue de la date de fabrication ou de l’origine géographique.

Les illustrations peuvent revêtir différentes formes. Une des plus anciennes est la tête de boeuf vue de face et surmontée d’une croix. D’autres représentent une grappe de raisin, une balance, un cadran, etc. Certains filigranes permettent de reconnaître la provenance provinciale des papiers : un pot pour les papeteries d’Auvergne, une crosse pour la région de Bâle, une roue dentée pour le Lyonnais. En 1285, on trouve déjà la fleur de Lys. Au seizième siècle, ce sont des règlements administratifs et des ordonnances royales qui obligent les papetiers à mettre leurs nom et marque dans leurs feuilles, usage qui avait été abandonné par les fabricants.

6) Caractéristiques diverses...
a) Un papier non couché est acide car il contient un excès de sulfate d’alumine. Si un papier est trop acide, il risque de provoquer des ennuis en ce qui concerne le séchage des encres. Le pH des papiers non couchés doit être de préférence compris entre 5 et 5,5. Cette notion de pH est aussi importante pour la conservation à long terme des ouvrages imprimés... Tous les collectionneurs savent que certains papier vieillissent très mal, surtout ceux fabriqués en période de guerre, à cause du manque de matière première de qualité et surtout du pH du papier...

b) Le poids du papier s’exprime habituellement par le nombre de grammes au mètre carré ou parfois par le poids en kilo de la rame d’un format donné.


4 - Classification

La classification des papiers peut se faire suivant de nombreux critères. Citons seulement les principaux : l’aspect extérieur des surfaces (vergé, vélin, bouffant...), leur emploi (édition, emballage, écriture...), leur composition fibreuse, selon les normes définies par l’AFNOR, qui les classe en groupes (désignés par un chiffre romain) et un sous-groupes (désignés par un chiffre arabe)

Pour notre part, retenons simplement que dans la multitude des papiers qui existent sur le marché, l’on peut distinguer

-- a) les papiers couchés et les couchés mécaniques ;

-- b) les papiers d’édition, bouffants ou non ;

-- c) les papiers journaux (journal amélioré pour les revues) ;

-- d) les papiers de luxe :

ce sont les papiers de chiffons, dits "pur fil". Les appellations d’origine de ces papiers sont : rive, arche, Auvergne, etc. Le simili-japon a un aspect nacré, nerveux et dur, un épair irrégulier et nuageux. Le papier bible, papier mince de 30 g au mètre carré environ, est très opaque et résistant. Il sert essentiellement à imprimer les ouvrages religieux, bibles et missels, d’où son nom. Certaines collections importantes sont également éditées avec ce papier, l’avantage est de rassembler en un seul volume une quantité importante de pages;

-- e) les papiers écriture, qu’ils soient vergés ou vélins;

-- f) les papiers d’emballage

ce sont le plus souvent des papiers kraft fabriqués à partir de la pâte écrue de pin et de sapin. La teinte est généralement chamois et ces papiers sont surtout imprimés avec des encres d’aniline (flexographie). Pour les papiers d’emballage de luxe, ce sont des complexes de cellulose et de polyéthylène ou des papiers métallisés pouvant être imprimés en typographie ou en héliogravure;

-- g) les papiers spéciaux résistants à l’eau

ils sont fabriqués avec certains produits chimiques, tels que la mélanine. La propriété d’être imperméables à l’eau donne à ces papiers la qualité nécessaire pour imprimer les cartes géographiques maritimes ou terrestres.


5 - Présentation

La bobine de papier est dirigée vers les bobineuses ou vers les coupeuses Si le papier doit être livré en bobines. La bobine brute est divisée en bobinots de largeur différente. Le papier passe entre des couteaux circulaires dont l’écartement règle la largeur du bobinot. Le découpage en feuilles est fait sur des machines qui coupent plusieurs bandes de papier superposées à la fois. Les feuilles triées et comptées sont ensuite massicotées au format demandé.

Le papier, prêt à la consommation, peut être livré sous emballage imperméable pour soustraire le papier aux influences atmosphériques. Il peut être également livré par pile entière sur palette, le tout entouré d’un film plastique, afin que les agents extérieurs ne l’influencent pas. Pour des grandes quantités de papier à imprimer, l’imprimeur aura intérêt alors de passer au papetier un ordre de fabrication. Ceci est prévu pour des tonnages importants. Pour la fabrication, les paramètres de qualité seront définis ainsi que le format, le grammage et l’aspect extérieur. Lors de cette commande, le papetier peut consentir des prix plus intéressants que lors d’une commande de papier normal acheté chez le grossiste.

Le paquet de 500 feuilles de papier s’appelle une rame mot qui est d’origine arabe. En effet, rame est dérivé du mot arabe "rahmig". Il faut aussi savoir qu’un paquet de 25 feuilles s’appelle la main, soit un vingtième de la rame. Traditionnellement, le papier pour écriture (de petit format) était obtenu en coupant en quatre le plus souvent les feuilles de grand format. Une rame donnait ainsi quatre ramettes (au format A4). Notez au passage que cette distinction tend malheureusement à disparaître du langage courant.


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Dernière mise à jour le 02/05/2001 par Didier VIRION